Une étude d'histoire militaire instruite par la théorie des jeux et quelques amplifications méthododologiques - HEC Paris - École des hautes études commerciales de Paris Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2007

Une étude d'histoire militaire instruite par la théorie des jeux et quelques amplifications méthododologiques

Résumé

The paper suggests that military history should be subjected to modelling based on the mathematical theories of rational choice, and especially the theory of games. This suggestion primarily concerns military events that have already been reported in narratives focusing on the agents' instrumental rationality, such as Clausewitz's narrative of the Waterloo campaign. By selecting relevant facts and hypotheses relative to this campaign and Napoléon's final collapse, we will investigate the decision he made on 17 June 1815 to detach part of his army against the Prussians he had defeated on the day before at Ligny. Military historians disagree on the rational sense of this crucial decision, but game theory is in a position both to illuminate it and decide between their interpretations. The model of this paper is a zero-sum, two-person game between Blücher and Napoléon and Grouchy, who are treated here as a single player. The calculated solution makes it clear that it could have been a cautious strategy on the Emperor's part to divide his army as he did, a conclusion which goes some way towards clearing him from the charges of factual mistake and even irrationality that have been laid against him by a majority of commentators since Clausewitz. Once this result is obtained, the paper moves up to the reflective and methodological plane. It compares the main objections that can be raised against its formalization with those already levelled against the recent, so-called analytic narrative school. On this score, we conclude that military campaigns - especially, though not exclusively, from the 19th century - provide a better opportunity for successful application of rational choice theories that the political examples thus far favoured by the North American school. We generalize the argument by investigating the conflict between mathematical models of rational choice and narratives - that is, the historians' canonical mode of expression. As the paper eventually suggests, the two may be reconciled. This conclusion is argued on the basis of Clausewitz's methodological precedent and an analysis of the concepts of a narrative (in general), a historical narative and an event.
L'article propose d'appliquer à l'histoire militaire les modèles venus des théories mathématiques du choix rationnel et, plus particulièrement, de la théorie des jeux. La proposition vise avant tout les événements militaires dont il préexiste des récits ordonnés par la rationalité instrumentale des acteurs, comme celui que Clausewitz consacre à la campagne de Waterloo. Reprenant sélectivement les faits de cette campagne et les hypothèses qu'a suscitées l'échec final de Napoléon, on étudie la décision qu'il prit le 17 juin 1815 de lancer un détachement de son armée contre les Prussiens battus la veille à Ligny. Les historiens militaires ne s'accordent pas sur le sens rationnel de cette décision capitale, mais la théorie des jeux permet de l'éclairer tout en les départageant. Le modèle développé ici est un jeu à somme nulle opposant Blücher à Napoléon et Grouchy, considérés comme un seul joueur. Le calcul de la solution fait apparaître que la division de l'armée à laquelle procéda l'Empereur pouvait être une stratégie prudente de sa part, ce qui l'acquitte jusqu'à un certain point des accusations d'erreur factuelle ou même d'irrationalité qui dominent le commentaire depuis Clausewitz. Une fois obtenu ce résultat, l'article se développe sur le plan réflexif et méthodologique. Il compare les objections principales qu'on peut faire à sa formalisation et celles qu'on a déjà élevées contre l'école récente dite du "récit analytique". Il conclut sur ce point que les campagnes militaires - notamment, mais non exclusivement celles du XIXe siècle - offrent aux théories du choix rationnel des applications plus faciles à mener que les exemples politiques jusqu'à présent privilégiés dans le courant nord-américain. Amplifiant le propos, l'article examine le conflit des modèles mathématisés du choix rationnel avec le récit, mode d'expression canonique de l'histoire. Il propose une conciliation qui se fonde à la fois sur le précédent méthodologique de Clausewitz et sur une analyse des concepts de narration, de récit historique et d'événement.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00582657 , version 1 (03-04-2011)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00582657 , version 1

Citer

Philippe Mongin. Une étude d'histoire militaire instruite par la théorie des jeux et quelques amplifications méthododologiques. 2007. ⟨hal-00582657⟩

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